Mifépristone
La mifépristone ou RU 486 est un stéroïde synthétique. Elle est utilisée chez la femme comme abortif, pour l'avortement chimique du début de la grossesse.
Catégories :
Traitement en gynécologie-obstétrique - Contrôle des naissances - Contraception - Médicament - Abortif - Stéroïde - Lipide - Nutriment
Mifépristone | |
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Général | |
No CAS | |
Code ATC | |
DrugBank | |
PubChem | |
SMILES |
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InChI |
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Propriétés chimiques | |
Formule brute | C29H35NO2 [Isomères] |
Masse molaire | 429, 5937 g∙mol-1 C 81, 08 %, H 8, 21 %, N 3, 26 %, O 7, 45 %, |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 191 à 196 °C |
Solubilité | alcools, peu sol. dans l'eau |
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La mifépristone ou RU 486 est un
Définition biologique et mode d'action
Historique du RU 486
En 1979, R. Derædt, D. Philibert et G. Teutsch, chercheurs aux laboratoires Roussel-Uclaf, travaillent sur un projet d'anti-glucocorticoïdes conçus pour antagoniser les effets néfastes des glucocorticoïdes. Ils aboutissent à une série de puissants antiglucocorticoïdes brevetés à leurs noms par Roussel-UCLAF; l'un des plus intéressants est le RU 38486 (selon les initiales du laboratoire et la numérotation chronologique des synthèses) ou RU 486. Mais ces produits sont aussi des anti-progestérones ainsi qu'à un moindre degré des anti-androgènes.
Étienne-Émile Baulieu, conseiller de Roussel-Uclaf, est , lui, séduit par l'activité anti-progestérone du produit et va le faire expérimenter rapidement sur onze femmes enceintes à Genève : les résultats sont prometteurs. Ce dernier la présente le 19 avril 1982 à l'Académie des sciences, comme une alternative à l'avortement par aspiration (seule technique abortive alors connue). Le monde scientifique est particulièrement intéressé par la découverte, et Roussel-Uclaf signe un accord avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1983, puis avec l'ONG américaine Population Council. Originellement couplée à la
Propriété du groupe Hœchst après le rachat de Roussel-UCLAF, la pilule abortive est abandonnée en 1997 par le groupe allemand. Il cède ainsi aux menaces de boycott de la totalité de ses produits par les militants anti-avortement, essentiellement sur le territoire américain, mais réglant aussi l'opposition morale durable des dirigeants allemands qui s'était heurté à une mise en demeure du ministre de la Santé Claude Évin lorsqu'il s avaient tenté d'empêcher sa mise sur le marché français en 1988. Hœchst cède alors gratuitement l'ensemble des droits sur la production et la commercialisation de la pilule à Édouard Sakiz, ancien patron de Roussel Uclaf et codécouvreur de la molécule, qui la produit à travers une nouvelle entreprise indépendante, Exelgyn[2].
Encore actuellement particulièrement controversée par les mouvements «pro-life», elle concerne en France 30% des interruptions volontaires de grossesse (IVG) (en augmentation constante à mesure de l'expérience des équipes médicales des centres d'orthogénie).
En août 2009, en Italie, les évêques demandent aux médecins de refuser de prescrire le RU486. Selon le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence épiscopale italienne, le RU486 conduira "à considérer l'avortement comme une méthode contraceptive"[3]
Utilisation en Gynécologie obstétrique
Le RU 486 est utilisé dans :
- Les avortements médicamenteux, qui sont envisageables en France jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire 7 semaines de grossesse.
- Interruption médicale de grossesse en cas de mort fœtale in utero pour diminuer la dose de prostaglandines nécessaires à l'expulsion.
- L'utilisation en qualité de «pilule du lendemain» est efficace et autorisée en France (utilisée en Chine par exemple). Une échographie utérine est proposée dans les 10 jours suivant la dernière prise médicamenteuse, pour vérifier l'absence de grossesse.
Utilisation pour favoriser les accouchements à termes
Le RU 486, comme l'ocytocine, est aussi utilisé occasionnellementd'accouchements à terme pour favoriser les délivrances complexes[4] et minimiser les souffrances du nouveau-né.
Comparaison avec la méthode par aspiration
- Le RU 486 est parfois utilisé dès les premières semaines de grossesse, tandis que l'aspiration n'est envisageable que vers la 6e semaine
- La méthode ne requiert pas d'intervention chirurgicale, ni d'anesthésie, et n'a pas les mêmes risques que l'aspiration : traumatisme de l'utérus, du col, risque ultérieur de stérilité, de grossesse extra-utérine, etc.
- L'avortement est plus confortable : il se produit en privé et donne l'impression d'une fausse couche. Ceci entraîne moins de dégâts psychologiques que l'aspiration.
- La méthode est aussi moins coûteuse et plus accessible, ne nécessitant pas un plateau technique chirurgical spécialisé.
Toutefois :
- La méthode, toujours assez récente, n'a pas encore fait les preuves de son absence de risques à long terme.
- Elle est aussi plus longue que l'aspiration, prenant généralement 1 à 2 jours à sa complétion.
- Le dosage habituel est de 200 mg en une seule prise, soit 0, 47 millimoles [5]. À signaler que la dose maximale de référence de N, N-diméthylaniline autorisée pour une personne de 50 kg est de 0, 83 millimoles [6].
Contre indications
- Allergie connue à la mifépristone.
- Grossesse évolutive (fœtus vivant) au-delà de 7 semaines d'aménorrhée.
- Doute sur une grossesse extra-utérine.
- Contre-indication aux prostaglandines : hypertension artérielle, angor, syndrome de Raynaud, insuffisance cardiaque, troubles du rythme cardiaque.
Effets secondaires
- Métrorragies (saignement génital d'origine utérine) quelquefois abondantes pendant 7 à 15 jours
- Échec (moins de 5% des cas, c'est-à-dire un taux identique aux avortements par aspiration)
- Nausées, vomissements, douleurs, allergie.
Dans l'avenir, une nouvelle méthode de contraception d'urgence ?
Plusieurs études ont montré qu'une dose de mifépristone a la même efficacité que la prise de 1, 5 mg de levonorgestrel comme contraception post-coïtale dans les cinq jours suivant le rapport sexuel. Deux études donnent une efficacité de 100% avec une forte dose (600mg), une autre obtient le même résultat avec uniquement 10mg. [7], [8], [9]
Voir aussi
Références
- ↑ Michèle Aulagnon, «Tirs croisés contre la pilule abortive», Le Monde diplomatique, avril 1998, page 27
- ↑ Aline Richard, «Hœchst se débarrasse de la pilule abortive RU 486», La Tribune, 9 avril 1997
- ↑ Le Monde, 04 Août 2009, L'Eglise catholique s'oppose à la pilule abortive en Italie
- ↑ RU 486 et déclenchement du travail à terme résultats d'une étude prospective randomisée en double aveugle (RU 486 versus placebo) , René Frydman et C. Lelaidier
- ↑ planning familial
- ↑ Propriétés de la N, N-diméthylaniline
- ↑ von Hertzen H, Piaggio G, Ding J, et al. Low dose mifepristone and two regimens of levonorgestrel for emergency contraception : a WHO multicentre randomised trial. Lancet 2002 ; 360 : 1803-10.
- ↑ Glasier A, Thong KJ, Dewar M, et al. Mifepristone (RU 486) compared with high-dose estrogen and progestogen for emergency postcoital contraception ; N Engl J Med 1992 ;327 :1041
- ↑ Webb AM, Russell J, Elstein M. Comparison of Yuzpe regimen, danazol, and mifepristone (RU-486) in oral postcoital contraception. BMJ 1992;305 :927
Liens externes
- http ://www. svss-uspda. ch/fr/facts/mifegyne. htm - Mode d'action, protocole à suivre, complications etc.
- http ://www. mifegyne. com
- (en) Commonly asked questions about RU-486 from the education arm of the National Coalition of Abortion Providers
- L'avortement médicamenteux, Informations pour les femmes The Mondial Consortium for Medical Abortion (ICMA) Information Package on Medical Abortion
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